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Histoire: Maître Corbeau...


Rédigé le Mardi 22 Mars 2022 à 00:49 | Lu 144 fois | 0 commentaire(s)

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grand corbeau de Corse image de T.Rossi - corseornitho
grand corbeau de Corse image de T.Rossi - corseornitho
LE CORBEAU

          Dans un article précédent, je m’étais amusé à évoquer le comportement de quelques oiseaux célèbres, coucou, colombe, oies du Capitole et phœnix.

          J’avais oublié de parler de mon oiseau préféré, le corbeau, sauf à rappeler son rôle néfaste lors du déluge au cours duquel NOE l’envoya pour établir un ‘état des lieux’. Son comportement déplut au capitaine de l’Arche qui le voua aux gémonies pour s’être ‘empiffré’ de charogne et faillir à sa mission.

           Depuis les temps les plus reculés les légendes concernant le corbeau sont légion.

           Le père du genre fut Esope (5éme siècle av/JC) avec ses fables puis beaucoup d’autres, formant un agrégat d’écrits sur le même sujet, dans les premiers siècles de notre ère en particulier.

          Plus près de nous, notre LA FONTAINE ne se priva pas d’y chercher et d’y trouver l’inspiration qui nous valut les petits chefs-d’œuvre que l’on connaît.

          Et le corbeau, dans tout ça me direz-vous ? J’y arrive.

          Après être passé par tous les stades de la considération, vénéré, adulé par les peuples nordiques, maudit et rejeté par d’autres, l’animal a traversé les siècles et survécu en tant que messager des dieux pour certains et suppôt de Satan à l’avènement du christianisme. Les stèles de l’antiquité, les bestiaires du Moyen-Age , la Tapisserie de Bayeux, les chapiteaux de nos églises témoignent de l’intérêt porté par le monde à cet oiseau qui a su, selon les circonstances, se comporter comme un ami fidèle et dévoué et quelques fois comme un vulgaire voyou …..

          Commençons par une petite histoire, celle de Coronis.
          
          Cette jolie princesse est aimée d’Apollon, mais celui-ci est jaloux, il la ‘fait suivre’ par un détective à plumes … un corbeau blanc. Après quelques croassements notre oiseau s’en va conter fleurette à une demoiselle corbeau, (le féminin n’existe pas) et néglige le suivi de Coronis. Se sentant débarrassée de cet importun la princesse file retrouver son amant. Apollon l’apprend, il n’en fait ni une ni deux, il la tue et change le plumage du corbeau qui passe du blanc au noir… Ah mais, on ne badine pas avec Apollon !!

             Reconnu comme l’un des oiseaux les plus intelligents, il lui arrive cependant de se ‘faire avoir’. On connaît par quelle ruse le renard sut utiliser la flatterie pour lui faire lâcher le fromage qu’il tenait dans son bec, je n’y reviens pas. Disons, en passant que ni l’un ni l’autre ne sont amateurs de fromage -même un bon camembert de Normandie- mais pour l’image, tenir un fromage avec le bec est plus confortable qu’un poulet, fusse-t-il de Bresse…

            Un jour, Maître Renard, tenaillé par la faim, échafaude une mise en scène qui devrait, selon lui, lui permettre de se procurer son repas de midi. Il voit juste. Allongé sur le dos, il gonfle son ventre, ferme les yeux et tire la langue, nous aurons compris qu’il fait le mort. Maître corbeau, flairant la bonne occasion, s’approche, se pose sur lui et s’apprête à entamer son repas. Le renard se redresse aussitôt et n’en fait qu’une bouchée. Tel est pris qui croyait prendre …

             Faut-il y trouver à redire ou est-ce un manqué de la nature quand on sait que le corbeau est capable de monstrueuses erreurs de jugement. Ainsi, sachant que le corbillat (c’est le nom de son poussin) naît avec un plumage gris, ses parents ne le nourrissent qu’à partir du moment où ses plumes deviennent noires, comme on dit chez nous ‘o campi, o mori ‘.

             Et les bonnes actions où sont-elles et comment s’expliquer qu’il lui arrive de s’attendrir devant des situations particulières et prenne des initiatives où son intervention pare à des problèmes d’approvisionnement ?  

             Alors que Saint Antoine le Grand, (pas celui de Padoue) moine d’Égypte, vient rendre visite à Paul de Thèbes, ermite au désert, et que les deux amis décident de se mettre à table, ils constatent que le pain -nourriture essentielle à cette époque- fait défaut, mais, subitement, un corbeau dépose devant eux une belle miche croustillante, venant sûrement du Poilâne de l’époque ce qui permet à l’ermite, et à son visiteur de partager ensemble le pain de l’amitié.

             Même situation, même solution pour le prophète Elie, ermite lui aussi, en quarantaine au désert. Sentant ses forces décroître au bout de quelques jours de jeûne, il en appelle à Yavhé. Celui-ci l’entend, prend pitié de lui et lui assure le service de deux corbeaux, celui du matin qui lui portera l’eau et le pain, et celui du soir la viande.

               Quant au grand Saint Benoit, fondateur de l’ordre des Bénédictins, lui, l’a échappé belle … Un de ses moines, jaloux de l’aura qui entourait sa personne et l’attrait de Monte-Cassino, lui fit porter un pain que le saint homme était sensé partager avec ses disciples. Mais le corbeau, ami de Benoît, ayant deviné que le pain était empoisonné, s’en saisi et sauve ainsi de la mort le saint homme et ses disciples.

               Voilà ce que j’ai trouvé à dire sur le corbeau mais en fait un ouvrage seul n’arriverait pas à le décrire car son caractère le distingue des autres oiseaux et le rapproche de celui des hommes.



A.RAFFAELLI



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