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NAPOEON ET LE CATHOLICISME


Rédigé le Mardi 11 Mai 2021 à 18:46 | Lu 175 fois | 0 commentaire(s)


Napoléon a avec le catholicisme une relation personnelle et de pouvoir. Ce rapport et ses enjeux sont encore source d’incompréhensions.
Ce que rappelle Raphaël Lahlou ici. Napoléon et le catholicisme : entre relèvement et incompréhensions ?

• Une relation intime avec le catholicisme (1769-1799) ?

Napoléon Bonaparte dérange les catholiques. Ce malaise s’explique autant qu’il étonne. Napoléon Bonaparte est né dans la religion catholique — par son baptême à Ajaccio en 1771. Dans sa famille, la foi comptait. Sous la Révolution, officier puis jeune général, Napoléon refusera les brutalités contre les prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé, imposée en France en 1791 ; en Corse, il s’oppose au Directoire qui voulait fondre les cloches des églises et chapelles de Corse. Il réplique : « Laissez aux Corses leurs clochers et leurs cloches, leurs églises et leurs prêtres. » Comme plusieurs officiers corses, Bonaparte avait refusé de servir contre la Vendée. En Italie, il va montrer autre chose que la logique de démolition de couvents et d’églises. A Macerata, en 1797, il édicte ceci : « La protection est accordée, par le général Bonaparte et par les troupes de la République, aux prêtres français réfugiés dans les Etats Pontificaux. » Il s’agissait de prêtres réfractaires. Il assure le clergé italien, réuni par lui du  côté de Milan « de sa protection personnelle et absolue, ne permettant à quiconque de porter atteinte à la religion de nos pères ». Il raisonne déjà en homme d’Etat. Fin 1799, Napoléon est à Paris et s’empare progressivement du pouvoir, en consul de la République française d’abord.

• Un catholicisme restauré mis face au pouvoir napoléonien.

Bonaparte envoie ses émissaires au clergé d’Italie, des négociateurs et interlocuteurs directs aussi à la curie romaine. Son pouvoir ne sera en partie assuré qu’à la victoire de Marengo (14 juin 1800). Là s’impriment les actes de son vœu majeur : la paix, la paix civile en France et en Europe, d’abord par la paix religieuse. Débutent de longues négociations avec le nouveau pape, Pie VII, élu en 1800. Bonaparte l’avait connu en 1797 dans son diocèse d’Imola ; avec ce Chiaramonti devenu pape, pour Bonaparte, un accord semble possible pour la France, le catholicisme, la paix et la politique. Cela va déboucher sur le fameux Concordat signé par Pie VII et ratifié le 15 août 1801. C’est bien le catholicisme romain, celui d’avant 1791 en France, qui se voit restauré, rebâti, et considéré à nouveau par le pouvoir. L’un des chefs de l’insurrection vendéenne, l’abbé Bernier est l’un des grands artisans du Concordat. Napoléon considère le pape comme chef unique du catholicisme, et il impose aux corps constitués français et hostiles politiquement l’acceptation du préambule du Concordat, la reconnaissance « pour la majorité des Français du catholicisme », insistant sur le fait que « le culte catholique est public en France ». Cela enterre le Mai 2021 • Église de Corse 9 TRIBUNE vandalisme révolutionnaire, et s’étend dans les possessions ou départements hors des frontières strictement françaises, Belgique et territoires rhénans. C’est un acquis pour Pie VII. Le Concordat, texte fondamental de 17 articles, est appliqué dès 1802. Le budget des Cultes sous le Consulat est déjà de 1,5 million de francs germinal, en 1801- 1802 : il sera de dix-sept millions en 1813. Et l’on passe du début de 1802 de 24 000 à plus de 40 000 prêtres dès 1806. Au-delà du Concordat, une prolongation législative, en avril 1802 (soixante-dix-sept articles) va poser, elle, des problèmes au pape (sur la question de l’investiture des évêques ; en organisant une surveillance appuyée en partie policière et administrative des Cultes ; en reconnaissant une partie des cultes protestants, luthérien et calviniste, pas les baptistes ni méthodistes). Le grand malaise viendra de crises extérieures dès 1806. En 1809, Pie VII lance une excommunication non nominative contre Napoléon. Le pape, début juillet 1809, est enlevé de Rome par les Français, installé à Savone, puis à Fontainebleau de 1812 à 1814. Entre Napoléon et Pie VII, dès 1809, quoique officieusement, leur diplomatie continue. Fin janvier 1813, tous deux signent la base d’un nouveau concordat ; mais il devait rester secret. Poussé par les circonstances, Napoléon le publie. À tort. Pie VII désavoue sa signature. Napoléon a compris que s’être emparé du Pape était « une grande folie ». Il cède. Pie VII retrouve Rome en mai 1814 ; dans la chute impériale de 1815, les deux hommes sont réconciliés. En 1821, Napoléon meurt en chrétien. Leur Concordat fut menacé par les Bourbons restaurés, Louis XVIII et ses ministres voulaient imposer en 1817 un autre Concordat : Pie VII préféra sauver intégralement celui de 1801. L’œuvre concordataire de Napoléon et de Pie VII allait après 1801 survivre un siècle !

Raphaël Lahlou

 




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